« Si je veux que ma vie ait un sens, elle ne doit pas se passer qu’en dehors du temps de travail »
Ainsi s’exprimait Dominique Steiler, Titulaire de la Chaire Mindfulness Bien-être au travail et paix économique, lors de la conférence « Profits et épanouissement en entreprise : mission impossible ? » du 15 mai 2018. Une conférence intéressante, pendant laquelle il a été question d’économie et d’humanité, de nouvelles manières de travailler ensemble… avec l’appui de la mindfulness pour développer écoute de soi, capacité à se confronter à l’altérité, et recréer du lien.
Bienveillance, humain, partage, solidarité : des mots que l’on n’osait encore trop peu souvent employer au travail. Et qui désormais s’invitent au menu des comités de direction, séminaires, formations professionnelles… Des initiatives se développent, de nouveaux outils apparaissent pour accompagner les décideurs, les managers et l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise.
Des outils qui nous invitent à aborder la question du bien-être au travail sous un nouveau paradigme, à la fois comme un objectif en soi et comme vecteur de performance économique. Plusieurs études scientifiques[i] montrent le lien entre bien-être et performance :
- au niveau de l’individu : le collaborateur épanoui montre une meilleure santé, un plus fort engagement, une meilleure coopération, une capacité d’innovation et une efficacité plus grandes.
- au niveau de l’organisation : les entreprises plus performantes socialement sont aussi plus performantes économiquement.
LA MÉDITATION : UN OUTIL POUR LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL ?
Depuis quelques années, dans un contexte particulièrement préoccupant (on parle du travail « 3S » stress, souffrance, suicide) et à la faveur de nombreuses études scientifiques validant ses effets, la méditation fait son entrée dans le monde de l’entreprise. Le quart des entreprises américaines proposent d’ores et déjà à leurs employés des ateliers de réduction du stress. La méditation pleine conscience est ainsi largement entrée chez Google, Sony, Apple, Facebook ou encore General Mills.
De nombreux décideurs[ii] s’y mettent même s’ils restent pour la plupart discrets sur le sujet. Quelques uns néanmoins font le choix de proposer largement cet entraînement mental à leurs collaborateurs. Des entreprises comme Carlsberg et IF Insurance (Scandinavie)[iii] par exemple ont ainsi fait bénéficier d’un programme de pleine conscience 166 collaborateurs du service informatique pour Carlsberg ; 35 managers du département Industrie pour If Insurance. La mutuelle de santé américaine Aetna propose un programme de yoga et méditation pour ses 3500 employés et même un forfait méditation pour ses clients[iv] !
ET EN FRANCE ?
La méditation se développe aussi dans les grandes entreprises françaises, comme Sodexo ou encore la Maif. Malgré tout, la méditation peine à se diffuser aussi largement qu’aux Etats Unis, ou dans d’autres pays européens. Les clichés sur la méditation restent nombreux et les acteurs de l’entreprise (comme ceux de l’éducation par ailleurs) sont encore réticents à faire confiance à une pratique qu’ils assimilent à une pratique religieuse, encombrée de folklore (encens etc.)…
Pourtant, même si la méditation pleine conscience prend ses racines dans le bouddhisme, elle a été laïcisée et diffusée dans le monde occidental il y a plus de 30 ans par un psychologue américain, Jon Kabat-Zin (fondateur de la Clinique du Stress en 1979) et un psychiatre canadien, Zindel Segal.
Sous cette forme, elle s’apparente plutôt à un entraînement sportif, mais pour le cerveau ! Pratiquer la méditation pleine conscience c’est entraîner son esprit à développer sa capacité d’attention.
LA MÉDITATION FACTEUR DE RÉDUCTION DU STRESS ? OUI, MAIS PAS QUE !
Les études scientifiques observent chez les personnes pratiquant la méditation pleine conscience une baisse significative du stress perçu, mais aussi une meilleure gestion des émotions (baisse de l’impulsivité) ; une diminution des pensées ruminantes et un mieux-être face au changement, à la complexité, à la difficulté.
Globalement la méditation permet ainsi un mieux être et est un outil puissant en milieu professionnel dans la prévention des risques psychosociaux.
Mais aussi important soit-il, il serait dommage de ne l’aborder que sous cet angle !
En effet, une pratique régulière de la méditation permet une connaissance de soi plus fine et une amélioration globale de la relation à soi-même et aux autres. A ce sujet, les décideurs qui témoignent des effets de la méditation[v] évoquent rarement la diminution du stress, mais plutôt
- une meilleure efficacité via une compréhension de leurs collaborateurs (grâce à plus d’empathie)
- une prise de décision facilitée grâce au développement de leur capacité d’attention décisionnelle (versus attention réactionnelle)
- une présence plus rayonnante (dont témoignent souvent leurs collaborateurs, leurs clients)
- une créativité accrue
Les effets d’une pratique méditative peuvent également soutenir le travail d’une équipe en développant un contexte favorable pour de bonnes relations professionnelles et une meilleure cohésion (écoute, empathie, sérénité). La pleine conscience peut encore accompagner un projet collectif en aidant à réaffirmer les valeurs communes et le sens de ce que l’on réalise ensemble, en valorisant le travail accompli (et développant ainsi le sentiment de fierté et de gratitude) et en favorisant la créativité et l’intuition.
Convaincu de l’enjeu majeur que constitue l’amélioration du bien-être au travail et du changement profond qu’il nécessite, Corpus Vitæ développe des propositions spécifiques autour de la méditation pleine conscience au travail, en s’efforçant de rendre son offre accessible à toutes les entreprises.
[i] Source : La Fabrique Spinoza (rapport avril 2013)
[ii] Source : Ces décideurs qui méditent et s’engagent. Un pont entre sagesse et business. Sébastien Henry
[iii] Source : Ces décideurs qui méditent et s’engagent. Un pont entre sagesse et business. Sébastien Henry
[iv] Source : Hors série Psychologies Magazine n°52
[v] Source : Ces décideurs qui méditent et s’engagent. Un pont entre sagesse et business. Sébastien Henry