Entretien réalisé le 30 septembre 2022, avec Marie, que j’ai accompagnée en individuel et qui nous délivre – pour reprendre ses propres mots – « un témoignage personnel et sincère ». Comment sa pratique de la méditation de pleine conscience l’aide au quotidien pour avoir un meilleur sommeil.
La découverte de la méditation de pleine conscience
Bonjour Marie, nous nous sommes rencontrées en mars 2021. Tu avais envie de tester la méditation et d’être accompagnée individuellement pour mettre en place une pratique quotidienne. Qu’est-ce qui t’avais donné envie de tester la méditation de pleine conscience, et qu’est-ce que cette pratique t’a apporté dans ton quotidien ?
Au départ, j’étais sujette à pas mal d’anxiété, de stress… J’ai même eu pendant quelques années, des ruminations quasi permanentes, desquelles je n’arrivais pas vraiment à me soigner. J’étais un peu en recherche d’une activité qui me fasse du bien et qui me permette de lutter contre ça. Par ailleurs, je ne dormais pas très bien.
La méditation, j’étais intriguée, et j’avais même une certaine attraction. […] Je peux dire que la méditation m’inspirait parce que c’est simple, parce qu’on n’a pas besoin de grand-chose. En fin de compte, c’est à la portée de tous et ça peut se pratiquer seul.e. […] Donc j’y suis allée.
Je dirai que ça s’est ancré dans mon quotidien à partir du moment où j’ai ressenti des effets… des effets légers.
« Moins stressée, plus détendue »
Comme quoi par exemple ? Qu’est-ce que tu appelles des effets légers ?
Par exemple, je méditais le matin et ça m’apportait un certain détachement par rapport à mes journées de boulot qui étaient très chargées. J’étais mieux pour commencer ma journée, j’avais même une impression d’avoir plus d’énergie, de durer plus longtemps.
Maintenant, ça reste assez léger. Je trouve que les effets positifs de la méditation c’est pas un truc « waouuuh , c’est exceptionnel ça a changé ma vie ». C’est léger, mais ça s’amplifie au fur et à mesure du temps qui passe. Donc moi, j’ai commencé à avoir ces premiers effets : moins stressée, plus détendue… plus sereine en fin de compte.
De l’importance de la régularité…
Ensuite, j’ai testé les automassages plutôt le soir et j’ai vu les bienfaits sur le sommeil. A partir de là, j’ai ritualisé. Je ne m’y tiens pas toujours, je ne m’y tiens pas à la perfection. Mais je me suis dit, là il y a quelque chose qui me fait du bien, qu’il faut que je creuse et que ça prenne place dans mon mode de vie.
Je sais que si c’est pas régulier, si c’est occasionnel, pour moi ça ne sert à rien. Donc je savais que si je voulais ressentir encore plus les bienfaits, il fallait que je mette ça en place régulièrement et que ça s’intègre à mon mode de vie tout comme le sport, les activités en famille, le travail… mais ça demande de la patience, de l’entraînement. Il faut persévérer.
… et de renouveler sa motivation !
Comment fais-tu pour persévérer ? Est-ce que tu sens que la motivation baisse parfois ?
Parfois, oui, je me demande si ça me fait vraiment du bien. Vu que c’est subtil. Du coup, par moments, je me dis : je suis en forme, est-ce vraiment la méditation ? Est-ce que c’est autre chose ?
Dans ces moments-là, qu’est-ce qui fait que tu continues à méditer ?
Parce que j’y crois. Ces pensées-là je les ai peut-être quand je suis un peu de mauvaise humeur, quand je suis fatiguée, et je sais que ça va changer. Je sais que la méditation a déjà fait ses preuves (sur les effets prouvés scientifiquement lire ici), et j’ai déjà expérimenté justement les effets positifs, donc je ne lâche pas pour autant.
A ce moment-là, je vais raisonner. C’est pas parce qu’il y a 2 ou 3 méditations qui ne se sont pas forcément bien passées que cela veut dire pour autant que ce n’est pas valable. Et souvent, quand je m’y remets, je vais refaire une méditation où là, ça va vraiment bien se passer. Où je vais vraiment être dans un état détendu, où je vais très bien dormir après. Du coup, ça me rebooste, ça entretient ma motivation. Parce que c’est vraiment là-dessus que je vois le plus l’efficacité de la méditation régulière, comment mon sommeil a changé.
La méditation de pleine conscience au service du sommeil
Peut-on revenir un peu plus sur cette question spécifique du sommeil. Quand tu es revenue vers moi, avec cette demande d’une séance particulière pour avoir des outils pour espérer un meilleur sommeil. Ça m’intéresse d’avoir ton retour par rapport à ça, sachant que comme je te l’avais bien précisé au départ, il n’y a pas de remède miracle pour trouver le sommeil, mais seulement des conditions propices que nous pouvons favoriser. Est-ce qu’il y a des choses que nous avons faites en séance, que tu reprends régulièrement ?
Oui tout à fait. Il y en a qui sont plus efficaces que d’autres, qui agissent plus sur mon état mental. Tout ce qui est massage au niveau du tronc cérébral derrière la tête, ça je sens vraiment que ça me plonge, ça me détend vraiment beaucoup. C’est là que ma respiration s’amplifie, j’ai moins de pensées, je suis plus calme à partir du moment où je commence à me masser à cet endroit. Alors que le visage, le brossage du manteau sympathique (rires), je le fais aussi parfois mais je vais moins avoir cette impression de mise en état détendu qu’avec les massages au niveau de la nuque, des cervicales ,de l’occiput. Et parfois, je masse aussi les oreilles, ça me fait chauffer la tête. Globalement quand je me masse ici, ça me fait chauffer la tête. Après quand je m’allonge je sens beaucoup beaucoup de chaleur. […]
Mettre en place un rituel personnel de méditation
Donc aujourd’hui, tu as ta séquence que tu fais tous les soirs ?
Je ne la fais pas tous les soirs. Mon objectif, c’est un soir sur deux. La réalité c’est que je dois la faire 2 fois par semaine. En général, ça dure entre 20 à 30 minutes.
Ha oui, ce n’est pas une petite séquence c’est un vrai moment !
En fait, ça prend du temps, ce n’est pas juste me masser vite fait pendant 10 minutes. Je me pose, je m’installe, la posture, la respiration, les sensations corporelles, et quand je suis calme, je commence les automassages. Je trouve qu’on ne peut pas en tirer les bénéfices en 10 minutes. Et souvent après les automassages, je continue avec une séance de méditation en assise, soit une respiration abdominale, soit un moment de présence ouverte, présence empathique, éventuellement avec un audio. […]
S’appuyer sur ses sensations et apprivoiser le silence
Souvent, je fais aussi les sons, j’ouvre les yeux, les couleurs, les odeurs… Ça m’aide à mobiliser mon attention sur mon geste, sur des choses qui viennent de l’extérieur, et pas me laisser envahir. C’est un exercice que j’aime bien. Ça me fait me concentrer sur quelque chose. Ne penser à rien c’est difficile.
J’aime plus ça, que les audios. Les audios, j’en ai beaucoup écoutés au début, mais finalement ça me pose plus de faire ces exercices en silence. Car la voix tout le temps, ça aide mais ça déconcentre en même temps.
Merci de partager ça, je partage ton point de vue. La voix – quelle que soit la personne qui guide, à distance ou en présence, en individuel ou en groupe – est là pour être un soutien. Mais l’essentiel est d’être en capacité de faire l’exercice seul.e, et d’expérimenter avec son propre silence
Alors, c’est pas facile. Mais je pense qu’on a à y gagner. C’est pas facile en fait la méditation (rires). Il faut quand même se mettre dedans. Ça demande un effort mental de rester concentrer.
La méditation pendant un sommeil perturbé
Est-ce que ton sommeil est différent quand tu ne fais pas ta séquence ?
Je trouve qu’il est moins bon quand je ne fais pas la séquence. Mais c’est peut-être un attachement psychologique. Maintenant, j’ai associé la méditation au fait de bien dormir le soir, donc […] je ne sais pas si c’est vraiment physique car je n’ai pas médité ou si c’est une micro anxiété qui arrive parce que je n’ai pas respecté l’habitude… mais bon, quelles que soient les raisons pour lesquelles ça marche, le principal c’est que ça fonctionne ! (rires)
Quand je me réveille la nuit, que je sens que je pourrai faire une insomnie, alors je me mets à pratiquer la méditation. Je me force à le faire parce que la nuit, je commence à penser à plein de choses. A toutes mes préoccupations du moment. Quand ça commence comme ça, c’est là que je me rendors pas en fait. Et plusieurs fois, je me suis vraiment concentrée sur ma respiration dans le ventre, et ça a fonctionné. J’ai même été surprise de réussir à mettre de côté toutes les pensées qui m’agressaient. J’étais assez contente. En plus, je n’étais pas bien. Je ne pensais pas réussir à mettre en place cette pratique au milieu de la nuit comme ça, et ça a fonctionné. Parce qu’il faut dire qu’à une époque je me réveillais, 5 ou 6 fois par nuit ! Et maintenant, du coup, je fais 6 ou 7 heures en continu. Ça, pour moi, c’est déjà beaucoup.
Et finalement ça ne fait pas si longtemps que tu as commencé à méditer, c’était il y a moins de 2 ans. Et donc bravo pour ces réflexes que tu as mis en place, que tu arrives à le faire.
Il y a la volonté. Vouloir aller mieux. Vouloir mettre en place des choses pour que ça aille mieux. Moi c’était mon cas. Mais bon ce n’est pas miracle non plus. Ce n’est pas systématique. Mais globalement, je dors de façon plus continue. C’est certain que ça a beaucoup progressé.
Une approche naturelle qui favorise une santé globale…
Est-ce que tu sens que grâce à ce sommeil, tu te sens en meilleure forme ?
Je suis en pleine forme, comme je n’ai pas été depuis très longtemps. De 2016 à 2019 j’étais en mauvais état, j’étais vraiment pas bien. […] Depuis que j’ai commencé la méditation – et puis je fais beaucoup de sport – ça s’est vraiment amélioré. Ça a été progressif. Je ne peux que conseiller d’allier ces 2 choses dans sa vie. Allier les 2 c’est exceptionnel, c’est vraiment un duo gagnant ! (rires)
[…] Parce que j’ai essayé d’autres choses. Il y a une époque, j’ai essayé les somnifères, les anxiolytiques… J’en ai pris un certain temps, évidemment ça marche, mais c’est très mauvais sur la santé. Il y a des effets secondaires, ce n’est pas anodin. J’ai tout arrêté, je n’en ai jamais repris et j’aimerai bien ne jamais avoir à en reprendre. J’avais aussi essayé l’homéopathie, j’avais fait de l’acupuncture, pris des gélules aux plantes… mais bon trouver quelque chose de satisfaisant et qui est naturel, c’est une chance.
… et une plus grande connaissance de soi
Et puis la méditation m’a ouvert à plein de sujets. J’écoute régulièrement des podcasts sur la méditation et sur le nerf vague. J’ai aussi lu des articles. Ça m’a aussi ouvert à un monde. A l’approche holistique, au yoga, … J’ai écouté ce que disent les spécialistes de la méditation, Christophe André, Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir… j’ai aussi appris beaucoup de choses en m’intéressant à la méditation, parce que cela a attisé ma curiosité sur le fonctionnement du corps. Et même au niveau alimentaire, on parle beaucoup dans ce domaine-là de l’inflammation du corps. Et comment méditer peut jouer là-dessus, diminuer l’inflammation. Ça a plein de vertus en fait.
Est-ce que tu sens que ça a rejailli sur les personnes autour de toi ? est-ce que ça change ton relationnel ?
Je me sens plus sûre de moi. Même si, ce n’est pas uniquement la méditation qui fait que maintenant j’ai plus d’assurance. Du coup, c’est vrai que dans le travail c’est plus facile […] J’ai une amie qui pratique le yoga, qui trouve que j’ai changé. Elle me trouve beaucoup plus sereine, avec beaucoup moins la peur du vide, la peur de l’absence, du vide au sens quand il n’y a rien à faire, quand il n’y a pas d’action à faire, elle me trouve plus zen. Sinon, je n’ai pas eu d’autres remarques, mais bon c’est déjà pas mal ! (rires)
Tout à fait ! Merci beaucoup pour ton partage. Ravie de t’avoir rencontrée, de partager cela ensemble.
Merci à Marie pour sa confiance et son partage. Merci à CDD20 dont j’apprécie les illustrations.
En savoir plus sur l’accompagnement individuel, ou la formation collective méditation de pleine conscience que je propose aux Grandes Terres à Francheville.